Nous avons tenté de comprendre comment ce système en est arrivé là, ce qui motive ceux qui y vivent et s’il reste une lueur d’espoir au milieu du chaos.
Le 30 novembre 2493, Pyro est officiellement découvert. Son étoile de type K, capricieuse et sujette à des éruptions violentes, le rend immédiatement hostile à toute installation de longue durée. Pourtant, la promesse de richesses minières attire les premiers prospecteurs. L’exploitation commence, des stations sont construites, notamment Pyro Station, destinée à devenir un centre névralgique pour la logistique et l’extraction de ressources.
Mais très vite, l’UEE se rend compte que les conditions environnementales sont tout simplement intenables. Les infrastructures s’érodent sous l’effet des radiations et des tempêtes de particules solaires, les colons abandonnent les lieux, les compagnies minières font faillite. En 2563, l’UEE cesse toute activité dans le système. Ce retrait va signer le début de la fin.
Comme une carcasse laissée à l’abandon dans l’espace, Pyro devient un repaire d’opportunistes : pirates, contrebandiers et criminels en quête d’un refuge loin de la juridiction impériale. Ce vide politique permet aux gangs et aux factions de s’implanter. Ruin Station, autrefois avant-poste minier, devient une plaque tournante de la criminalité.
Le rêve d’une colonisation ordonnée de Pyro s’est effondré, laissant place à une dystopie où la loi du plus fort règne en maître.
Passer quelques jours à Ruin Station permet de comprendre à quel point ce système est un cauchemar éveillé. La première chose qui frappe en arrivant, c’est l’absence totale de structure sociale stable. Pas de gouvernement, pas d’administration, pas de police. Ici, la seule loi qui vaille est celle des gangs qui contrôlent différentes parties de la station et du système.
Les plus influents sont les Fire Rats, adorateurs du feu et de la destruction, qui règnent sur une partie de Ruin Station avec une ferveur quasi-religieuse. Leur obsession pour les flammes et le chaos les rend imprévisibles et particulièrement dangereux. À côté d’eux, les Headhunters forment une bande de chasseurs de primes sans foi ni loi, adeptes de l’enlèvement et du racket. Les 73R Vipers, eux, dominent le commerce clandestin et la contrebande, utilisant Pyro comme point de transit pour les marchandises illicites de l’UEE et des Banu.
Ce réseau de violence rend chaque jour incertain. L’économie de Pyro repose sur un mélange instable de troc, de marchés noirs et de pillage. La devise impériale, l’UEC, est rarement acceptée, sauf en échange d’armes, de munitions ou de vivres.
Pour les habitants, la survie passe par la débrouille. Certains vendent leurs compétences de mécaniciens pour maintenir en état les vaisseaux de fortune qui atterrissent à Ruin Station. D’autres jouent les mercenaires, louant leurs services au plus offrant, sans se soucier des conséquences. Il y a aussi ces exilés, ces marginaux venus chercher un nouveau départ loin de l’Empire, mais qui finissent par sombrer dans la criminalité ou la misère.
« Pyro, c’est comme une grande fosse aux lions », nous confie un habitant, un certain Dace, ancien pilote de transport reconverti en marchand d’armes. « Soit tu as les crocs, soit tu finis bouffé. C’est aussi simple que ça. »
L’UEE a longtemps tourné le dos à Pyro, considérant ce système comme irrécupérable. Pourtant, la montée en puissance de groupes paramilitaires comme XenoThreat, qui y trouve un refuge, pousse certains politiciens et stratèges militaires à envisager une reprise en main du système.
Mais à quel prix ? Un assaut militaire massif contre Pyro provoquerait une guerre totale avec les factions en place, dont certaines sont mieux armées et organisées que de nombreuses milices impériales. Une autre approche, moins brutale, serait d’infiltrer lentement le système avec des initiatives commerciales légales, espérant ainsi réduire l’influence des gangs.
Dans un rapport confidentiel, un officier de la Navy de l’UEE écrivait récemment :
« Pyro est une plaie béante sur la carte stellaire. Si nous ne faisons rien, elle s’étendra et infectera d’autres systèmes. Mais si nous tentons de la refermer par la force, nous risquons de provoquer une septicémie galactique. »
En attendant, les habitants de Pyro continuent à vivre dans cette réalité brutale, oscillant entre survie et opportunisme, dans un système qui semble condamné à l’anarchie.
Pyro est le miroir inversé de ce que l’humanité tente d’accomplir ailleurs dans l’Empire : un espace où le progrès et l’ordre sont remplacés par la loi du plus fort et l’opportunisme. Il est la preuve que sans structures, sans vision, sans espoir collectif, la société peut s’effondrer en quelques décennies.
Pourtant, derrière le chaos apparent, Pyro reste un espace fascinant, où l’ingéniosité humaine se confronte à l’hostilité de l’univers. Un territoire où certains, malgré tout, parviennent à prospérer. Mais ici, la prospérité se mesure en munitions, en litres de carburant et en la capacité à garder son vaisseau en état de marche.
Pyro est un avertissement, une tragédie en suspension dans le vide spatial. Reste à savoir si l’histoire retiendra ce système comme une anomalie temporaire, ou comme le premier d’une longue série de mondes abandonnés par l’Empire.